□ Tacos, tulips, ducks and spices
   (1) C'est une maniaque de l'ordre. Il n'y a que le voir dans son travail. Toutes ses diapositives et ses devoirs sont parfaitement coordonnés. Pas une image n'est de travers, sinon ça la démange et elle arrange tout ça tout de suite. Il faut que tout soit bien droit et clair.
(2) Elle a pris l'habitude de faire face au stress (qui est omniprésent presque tous les jours de sa vie, pourrait-on dire) en se craquant les doigts ou en tripotant inlassablement une mèche de ses cheveux. Depuis qu'elle est entrée à l'université, elle n'a pu se défaire de ces tics.
(3) Le café lui permet de rester éveiller pendant sa journée de boulot. Sans lui, elle ne serait qu'un zombie qui lit des publications scientifiques en diagonales et se trompe de solvant dans une expérience. Cece a besoin d'un immense sommeil. Le matin, elle va jusqu'à rêver qu'elle se lève tellement elle est paresseuse.
(4) La jeune doctorante a beau adorée les chantier, les seuls moments où elle peut faire de ses études un travail pratique. Cependant, c'est sans compter sa peur pour le vide. Elle a un vertige maladif lorsqu'elle monte sur des nacelles trop hautes. Elle ne dit rien, trop fière et surtout trop soucieuse de prévenir ses collègues. Elle essaye tantôt de le combattre, mais les sueurs froides ne sont que pires. On se croirait dans vertigo.
(5) Elle a arrêté de faire du shopping intensif il y a quatre années de cela. Depuis qu'elle a commencé un master en sciences environnementales, Cece n'a plus vu les choses comme avant. Conspirationniste avant l'heure, elle a décidé de boycotter la fashion industrie et l'agriculture de masse. Au lieu de se ruiner dans les fringues, elle achète bio!
(6) De religion catholique, Cece est allée jusqu'à la confirmation. Bien qu'elle n'aille plus à l'église depuis un bail, il lui arrive de prier pour le bien des autres et le sien, pour avoir le coeur moins lourd en s'endormant. Pouvoir parler, pleurer, rire avec quelqu'un d'inexistant peut faire un bien fou.

□ Is there a scarlet letter on my breast
 

Tu te rappelles? Cece leva son petit minois vers son cousin, Anto, le coeur plein d'espoirs. Ses yeux attrapèrent les siens au vol et ils restèrent bloquer trois secondes. Puis la brune cassa le contact en clignant des cils. Doucement, comme une princesse. Theo, quant à lui, fronça légèrement des sourcils, ne semblant pas comprendre ce que voulait dire sa chère Cece. Me souvenir de quoi? La brune soupira, apparemment un peu embarrassée mais déterminée à lui dire. Ils s'étaient promis de ne plus se souvenir, de ne plus en parler, mais les sentiments étaient toujours omniprésents. Cece avait parfois l'impression qu'elle ne serait jamais capable de l'oublier. Elle regarda le visage de Theo afin d'y apercevoir une infime lueur d'espoir. Tu sais... sous l'arbre, près de la grange de papi. Sa voix était cristalline, presque tremblante de peur et de sensibilité. L'été 2010, l'avait-il réellement oublié? Pire, l'avait-il proscrit de ses pensées? La brune avala difficilement. Le visage de Théo s'était fermé tout d'un coup, même ses yeux. Ses mains avaient arrêté de caresser les mèches de sa cousine. Son esprit lui criait de fuir, de ne plus jamais lui parler, mais son corps répondait autrement. Et c'est sa spontanéité qui emporta le conflit intérieur. Il rouvrit les yeux pour trouver le regard inquiet de Cece posé sur lui. Il lui sourit gentiment, pour lui montrer qu'il ne lui en voulait en aucun cas. Seulement, ses paroles n'étaient pas ce qu'espérait la brune. Il ne faut pas Cece... il ne faut qu'on en parle. On leur a promis. Un frisson amer parcourut son échine. La Brewer comprit que tout était fini. Ils n'allaient plus jamais pouvoir vivre comme avant. L'idylle ne sera plus qu'un voile brumeux dans leurs souvenirs. Leur amour s'éloignerait alors peu à peu et il n'en restera rien. Et si Theo partait. Si Theo ne lui parlerait plus. S'ils s'oubliaient complètement avec le temps? La vue de la jeune femme tangua et elle eut peine à retenir ses larmes. Sa gorge la brûlait si fort et elle ne put discerner la réaction de son cousin. Elle se leva brusquement du canapé et fila enfiler son manteau et ses chaussures en toute hâte. La voix de Theo résonna au loin. Cece, attend. Qu'est-ce que tu fais? La colère fit place à l'infinie tristesse. Le refus. Puis l'envie de lui faire mal, aussi fort et aussi longtemps. Je me casse. Il était encore dans la salle à manger qu'elle ouvrit la porte. La nuit engageait un silence de mort que Cece préférait à l'appartement de son cousin. Cece, reviens. Je pensais pas que... La voix se perdit dans un coin de son esprit. Elle ricanait d'avance de la peine qu'elle lui infligeait. C'est fini Theo. Pour de bon. A croire que tu ne m'as jamais réellement aimé... La princesse s'enfonçait un couteau dans son propre coeur, mais le désir de vengeance était beaucoup plus grand.
Theo n'a pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait dans la tête de sa cousine. Les mots suffirent à le rendre maladif et enragé contre lui-même. Ses poings se serrèrent. Sa poitrine gonflait dans une colère insoutenable. Imbécile. Imbécile.
C'est qu'ils s'aimaient comme deux grands fous. Un amour passionnel puis interdis. Un amour éhonté par leur propre famille et dont ils venaient tout juste de sortir.

(...)

Une tête blonde.
Un rire. Des dents parfaites.
Puis, un autre rire, aussi cristallin que le précédent.
Elle vit, Cece.
Elle vit enfin depuis plusieurs mois.
Elle s'éclate avec cette blonde. Tous les clichés s'envolent.
Son coeur est plus léger.
Elle aime et elle en redemande.